Le Lusitanien

Le Lusitanien est un cheval bourré de talents que je vous invite à découvrir :

 

Car une fois que l'on a goûté à ce cheval talentueux et tout bonnement fantastique en tous points ; on adhère, puis on adore, jusqu'à tomber complètement amoureux de cette race.

 

Je recommande aux curieux un livre très bien fait et magnifique de par ces photos qui est « Le cheval Lusitanien »  par Laetitia Boulin-Néel.

L'auteur a notamment écrit ces quelques lignes (ci dessous) que je trouve joliment dites :

 

 

 

 

«  Cheval de guerre, cheval de Roi et de Cour, cheval de torero et de conquistador, cheval de Haute-Ecole et de travail aux champs, cheval de dressage, d'attelage, et parfois même d'obstacles.

Il semble décidément qu'aucun trait de pinceaux, qu'aucune touche de couleur ne manque au cheval Lusitanien pour parfaire son œuvre »

 

 

« L'Equus » tel que nous le connaissant aujourd'hui proviendrait de 4 types de chevaux :

• l'Equus ferus ferus qui vivait dans les steppes d'Eurasie

• l'Equus ferus sylvestris vivant dans les forêts d'Europe du Nord

• l'Equus ferus scynthicus venant de la Mer Noire

• l'Equus ferus lusitanicus vivant dans la péninsule Ibérique.

 

L'Equus ferus lusitanicus est donc l'ancêtre des chevaux Ibériques.

Les Ibériques peuvent se vanter de faire parti des plus vieux chevaux au monde ...

 

Pour l'Ibérique (que l'on appelait aussi Andalou ou genet d'Espagne) ; ainsi tout aura commencé dans la Lusitanie et la Baetica qui représentaient ces 2 berceaux majeurs.

L'Ibérique est aujourd'hui scindé en 2 races bien distinctes : le Pur Sang Lusitanien et le Pure Race Espagnol.

 

Le Lusitanien s'élève aujourd'hui principalement au Sud du Tage.

Quant au cheval Espagnol, il a évolué sur l'Andalousie puis un peu dans toute l'Espagne.

 

En 1857 était ouvert le registre des naissances au Portugal.

Mais le stud-book ne verra le jour qu'en 1967.

Et se verra reconnu en France en 1988.

 

 

Retour quelques siècles en arrière :

 

Le Portugal établira ces frontières en 1297.

Il mènera de nombreuses batailles sur le dos de leurs montures agiles et vaillantes.

L'Ibérique prouva au fil des siècles son excellent mental et son physique parfaitement adéquat pour tenir une guerre et en sortir victorieux.

 

L'Ibérique sera aussi le cheval des conquistadors Portugais et Espagnols.

L'Amérique étant absente de chevaux depuis des millénaires, elle aura été repeuplé dès la fin du XV ème siècle par l'arrivée de Christophe Collomb (1492) et tout au long du XVI ème siècle grâce, essentiellement, aux chevaux Ibérique ayant foulé son sol.

Progressivement, le cheval Ibérique envahira tout le continent, du Chili à l'Alaska.

Beaucoup seront volés, échappés, remis en liberté, et deviendront les pères de nombreuses races sur ce continent comme par exemple :

 

le Paso Fino, le Paso Péruvien, l'Appaloosa, le Paint-Horse, et bien évidemment le Mustang.

 

L'Ibérique est aussi l'ancêtre du cheval Lipizzan.

Son commencement est issu d'une souche Espagnole achetée en 1564 par l'Archiduc Charles D'Autriche

Cette race est célèbre de part l’École Espagnole de Vienne qui l'a faite connaître au monde entier.

 

La Renaissance Italienne (milieu du XV ème siècle) donna le ton d'un art nouveau : la Haute-Ecole.

Ce mouvement fit le tour des cours Européenne très rapidement.
Le cheval Ibérique y trouva une vocation et put prouver une nouvelle fois sa suprématie.

Il était de bon goût d'en posséder un, et d'étaler ses talents.

 

Au milieu des années 1700, la lumière s'éteindra petit à petit sur les Ibériques pour laisser la place aux chevaux de course.

Pur Sang et Trotteurs sont adorés.

Les manèges désemplissent pour remplir les nouveaux hippodromes.

 

 

Dans la péninsule, il perdra également de sa superbe puisqu'il ne sert plus qu'à aller aux taureaux ou à parader.

On le mélangera sans pudeur avec toutes sortes de chevaux pour essayer de lui trouver une autre utilité.

Heureusement, le tournant pris au XX ème siècle permettra de sauver l'Ibérique tout en en conservant sa pureté.

Deux hommes marqueront l'histoire de celui qui deviendra le Pur Sang Lusitanien grâce à une rigoureuse sélection et à un talent certain :

Ruy d'Andrade (créateur de la lignée Andrade) & Manuel Tavares Veiga (créateur de la lignée Veiga).

 

 

Aujourd'hui, l'Ibérique à laisser sa place au Lusitanien et à l'Espagnol.

Et pour ce qui est du Lusitanien, on peut dire que la race entre dans une nouvelle ère.

Elle est en constante évolution.

S'exporte de plus en plus.

 

Et gagne petit à petit le cœur d'un grand public.

 

 

Manuel Tavares Veiga héritera de la Coudelaria Veiga situé à la Quinta da Brôa, fondé il y a environ 200 ans.

C'est cet homme qui créera la lignée Veiga par de savants croisements dans le milieu du XX ème siècle.

Génie de la génétique et ultra rigoureux dans sa sélection, il savait précisément ce qu'il recherchait.

En gros, un cheval possédant les caractéristiques physiques et psychiques du cheval de guerre utilisé autrefois.

L'idée n'était pas de mélanger tout et n'importe quoi pour arriver à cette fin.

Patiemment, il sélectionna et affina sa sélection pour fixer les gènes du Veiga que l'on connaît aujourd’hui.

 

Il décrivait ainsi ses chevaux :

"Nerveux, élégants, arrogants, si obéissants qu'ils anticipent les intentions du bon cavalier.

Une tête fine, haute, une longue crinière qui flotte librement, des airs élevés et une agilité saisissante pour défier tous les dangers avec un courage indomptable"

 

La Quinta Da Brôa est toujours en activité car le flambeau a été transmis aux nouvelles générations.

La qualité et le succès de l'élevage est mondialement reconnu et maintenu.

 

Le Veiga est un petit cheval élégant, fin , sensible, sanguin, avec un corps racé et peu massif.

 

Les années lui feront valoir une grande gloire dans la tauromachie qui est très présente au Portugal et en Espagne.

De grands noms se tourneront vers eux ; chevaux avec un courage, une agilité, une rapidité d’exécution et un dévouement sans fin pour aller faire front aux taureaux.

 

Améliorateur de race, le Veiga permet de refixer certaines caractéristiques qui pourraient s'atténuer au fil des générations avec les croisements des lignées notamment.

 

La grande majorité des Lusitaniens ont du sang Veiga qui coule en eux.

 

Tout a eu lieu grâce à Ruy d'Andrade ; homme né en 1883.

Les Andrades sont nées de sa main à partir des années 1920.

Grand écuyer, historien, zoologue, paléontologue et également merveilleux éleveur ; il consacra sa vie à l'étude et la restitution des races.

Il puisa ces juments de souches Andalouses qu'il croisa avec des chevaux du pays.

 

 

Il lui a été recherché de la taille.

Environ 1,61m pour les juments à l'époque, ce qui était autrefois beaucoup.

L'idée était de répondre aux impératifs à présent ruraux et agricoles avec des chevaux ayant de l'os, de la force, étant porteur et endurant.

Au delà d'être fort et courageux, il devait surtout être pratique et facile pour les paysans au travail tout comme pour les déplacements en voiture attelés.

 

D’esthétisme, il faisait nettement plus « carrossier » que le Veiga et avait la tête moins marquée par le profil busqué.

 

L'Alter Real a été créé officiellement en 1748 par João V (24 ème roi du Portugal) pour fournir ses écuries royales.

L'Alter sera né de l'alliance d'une cinquantaine de juments Espagnoles et des étalons Portugais.

Il a failli disparaître en 1807 lors de la réquisition de chevaux faite par Napoléon Bonaparte pour grossir son besoin de cavalerie dédié à la guerre.

Il prit pas moins de 600 chevaux de Alter et du Manège Royal … Soit presque tout le cheptel.

 

Dans les années 20, c'est Ruy d'Andrade (notre créateur de la lignée Andrade) qui fut en charge de sauvegarder ce courant de sang et de le reconstruire au plus proche de ce qu'il fut autrefois.

Il avait heureusement pris grand soin de sauver 2 étalons purs Alter.

En 1942 , lorsque Salazar (homme d'état) repris l’œuvre, il restait 11 juments et 3 étalons, une hécatombe … La couleur baie fit instaurer à cette époque, et la mission de sauvetage continua.

 

La Coudelaria De Alter est un Haras appartenant à l'Etat qui est toujours en activité à Alter Do Chão.

Et on peut dire qu'elle a réussi sa mission de sauvegarde du cheval Alter.

 

Chaque année une partie du cheptel est proposé lors d'une vente aux enchères le 24 avril et remplacé par les poulains les plus prometteurs au sein de l'élevage.

 

Au niveau performance, l'Alter détient incontestablement l'excellence dans le domaine de la Haute École.

Il est d'ailleurs le fournisseur officiel de l’École Portugaise d'Art Équestre.

Plus récemment, il c'est vu briller sur des concours de dressage en internationaux.

 

L'Alter a longtemps été considéré comme un cheval ombrageux et difficile.

Mais depuis les années 80, beaucoup d'efforts ont été fait sur son caractère grâce à des apports de sangs d'autres lignées (l'Alter était hautement consanguin).

Il se montre à présent beaucoup plus accessible et stable dans son tempérament que naguère.

 

Et séduit par le fait toujours plus de monde.

 

Comme la Coudelaria De Alter, la Coudelaria Nationale est un Haras de l'état.

Il a été créé en 1887 et se trouve dans le district de Santarém, a la Fonte Boa.

 

Géré par les militaires à partir de vieilles lignées Espagnoles du 17ème siècles, les Lusitaniens de la Coudelaria Nationale se doivent d'être fort, costaud, résistant, endurant et facile d'utilisation.

Ils se devaient aussi d'être accessible au peuple pour le travail agricole et l'attelage.

 

Moins noble ou prestigieux que les Alter puisque sélectionné pour une tout autre utilisation et un public bien différent.

Les chevaux de la Coudelaria Nationale n'en reste pas moins une lignée qui se perpétue pour pouvoir continuer d'apporter aux éleveurs toutes les qualités qui lui ont été acquises.